Si vous connaissez un peu Gilles Jobin, vous savez qu'il est atteint d'une grave maladie, la bibliopathie... Ce qui nous donne le bonheur de pouvoir consulter son site de citations, ainsi que certaines sur son carnet, dont celle-ci, à l'origine de mon billet:

Je me suis souvent trouvé en présence de personnes... qui manifestaient leur incrédulité devant le manque de culture des scientifiques. Une ou deux fois, il m'est arrivé, me sentant attaqué, de leur demander si elles pouvaient m'énoncer le deuxième principe de la thermodynamique. Leur réponse fut... négative. Et pourtant, ce que je leur demandais était l'équivalent pour la science de : avez-vous déjà lu une ligne de Shakespeare ? C.P. Snow, The Two Cultures

Cette citation est très intéressante.

Le problème souvent, ce n'est pas d'être capable de "réciter" le deuxième principe de thermodynamique, mais d'avoir une idée qu'en dehors de sa toute petite discipline bien pointue, il y a une culture scientifique plus générale à laquelle un scientifique devrait être suffisamment exposé pour en avoir ne serait-ce qu'une vague idée. Je me souviens d'un assistant de laboratoire dans un de mes cours de biologie végétale à l'université qui ne pouvait jamais vraiment nous aider. Vous comprenez, il faisait son doctorat sur la reproduction du frêne noir dans la forêt Ouareau, alors, les prêles, les éricacées, c'était un peu loin de lui.

Plus récemment, lors de mon passage à l'hôpital pour la naissance de Ti-Loup, j'ai été estomaqué de constater que la pédiatre qui venait l'examiner nous a répondu vous savez, moi je soigne les enfants à une question que n'importe quel médecin omnipraticien aurait pu répondre. Si je ne me trompe pas, pour être spécialiste, il faut d'abord faire sa médecine générale, non ? Sans faire un diagnostic complet, il me semble qu'une certaine culture médicale de base doit bien devoir rester de tant d'années d'études.

Dans toute ma naïveté de celui qui veut changer le monde, je me dis que le nouveau programme en science et technologie au primaire et au secondaire va peut-être y changer (lentement) quelque chose...